mercredi 19 mars 2014

Le Keyann : bistrot libanais, Lausanne


Un « bistrot » libanais à ouvert à Lausanne ? Intéressant. Encore plus intéressant quand il semble remporter tous les suffrages dès son ouverture, deux petits mois auparavant.
Ouvert tout dernièrement, le Keyann est la réalisation du rêve d'un diplômé déjà de longue date de la prestigieuse École Hôtelière de Lausanne, Jean-Pierre Mermoud, le rêve de partager ses origines libanaises avec le public Lausannois. Le concept et la carte sont entièrement de son cru, et comme on le verra plus tard, c'est une réussite !

J'ai résisté deux mois avant d'y foncer, et m'y voici, ce 15 mars 2014. Il est situé dans les bas de la ville de Lausanne, à la lisière d'Ouchy, un espace calme et agréable pour accueillir ce petit coin d'orient. On choisira volontiers les transports publics pour s'y rendre, si l'on ne souhaite pas se débattre et tournicoter pour trouver une place de parking.

Une lueur chaude nous accueille dès l'extérieur. Une terrasse modeste et néanmoins charmante se trouve devant, comme une estrade en bois, et on pénètre ce minuscule établissement apte à accueillir 15-20 convives.

Droit en face, le bar composé de frigos et plateaux dans lesquelles reposent tantôt brochettes, tantôt mezzés, tantôt desserts. A l'arrière, une cheminée à grillades et tout le matériel nécessaire au service. Dans la petite salle, une série de tables en bois simplement dressées avec des sets à l'effigie du Keyann sont alignées contre des murs fuchsia ou orange-beige fort à propos avec la thématique et les chaises augmentées de coussins quadrillés saumon-blanc.





Le patron nous accueille avec une grande hospitalité et simplicité : on se sent accueillis à la maison, invités à la table d'hôtes. On nous installe à table et apporte la carte. Celle-ci est petite et très bien constituée de quelques mezzés froids, chauds, salades et brochettes, le tout de préparation maison, tout de tradition et de promesses de saveurs. Quelques suggestions de menus viennent compléter la proposition. Notons encore une jolie carte de boissons avec des traditionnels sans alcools comme des vins du Liban de bonne réputation.

Malgré la petitesse de cette carte, impossible de faire un choix, tout est prometteur et appétissant. Nous cédons donc à la proposition d'un menu nommé « Taste Lebanon » essentiellement composé de mezzés froids, grillades et desserts à partager, comprenant en boisson une bouteille de vin.

Le repas se déroulera en trois vagues :
d'abord les mezzés froids. D'abord, une assiette de pain plat libanais juste préalablement passé au grill nous est porté, puis quatre plats :

 

Une assiette de « Hommos », gourmande purée de pois chiche ici onctueuse à souhait, de texture et de saveurs parfaite, une pointe d'excellente huile d'olive et juste rafraîchie de ce trait de citron qui tend si souvent à manquer.




Une assiette de « Moutabal », un caviar d'aubergines grillées entières, presque brûlées à l'extérieur. La chair, ayant compoté et pris un petit goût de fumé, est ensuite récupérée et assaisonnée au goût du chef, au plus traditionnel de la crème de sésame. A nouveau, quoiqu'hors saison, la préparation et les saveurs sont parfaites et n'ont rien à envier à une autre prestation.


Le « Chanklich » nous est également servi, un fromage de brebis frais et à peine acidulé, très gourmand, fondant et un poil grumeleux, dans une forme de croûte de za'tar, ce mélange essentiellement composé de de thym sauvage et sésame torréfié et de sumac. Le fromage est une production maison et la qualité est des meilleures. Ajoutons quelques dés d'oignons, tomate et une très bonne huile d'olive, quelques herbes et le plat est fait !


Enfin (pour le froid), le « Tabbouleh », salade essentiellement composée de persil plat (et pas de boulghour en élément principal, encore moins de couscous), relevée de menthe, une poignée de boulghour bien réhydraté, oignons, tomate, juste parfumée d'huile d'olive et de citron, un temple de fraîcheur et de plaisir.


Passons au chaud. Il nous était donné de choisir quatre brochettes qui seront accompagnées de sauces et de pommes de terre. Ce sera deux « Chich taouk », brochettes de blanc de poulet marinés à l'ail et citron. La chair est parfaitement cuite et néanmoins tendre, assaisonnée délicatement et tout en fraîcheur. Ajoutons une « Kafta », brochette de viande hachée boeuf-agneau aux épices, avec une cannelle qui me revenait délicatement en arrière palais, vraiment la brochette de la soirée, tout en moelleux et en saveur. Enfin une Michoueh, un boeuf mariné plus « viandesque » en saveur et néanmoins parfait. Notons que les viandes proviennent soit de Suisse, soit de France et sont d'une extrêmement bonne qualité.
En accompagnement, une portion de « pommes de terre Keyann », juste des dés rôtis parfumés d'ail, citron et un peu de coriandre, un plaisir simple.


Les sauces ne sont pas en reste ! L'une est tomatée aux saveurs légèrement relevées, la « Tarator », crémeuse, au sésame et citron et enfin une sauce à l'ail qui fera fuir les vampires de vos nuits, et même vos meilleurs amis s'ils n'ont pas mangé avec vous mais qui donnera tellement de plaisir qu'elle vaudra bien un petit sacrifice.


Dans la théorie, les deux convives, pour ce menu, devraient recevoir le même dessert, à savoir l'Atayef. De sorte à goûter à plusieurs choses, nous en avons troqué un contre le «Succès au chocolat façon Aïda ».

L'Atayef consiste en de de petites crêpes libanaises dont la pâte est légèrement parfumée d'eau de fleur d'oranger et est légèrement aérée, comme s'il y avait légèrement emploi de poudre à leverm un résultat moelleux et gourmand fourré d'une crème onctueuse de lait à la fleur d'oranger. Le croquant manquant sera apporté avec une poignée de pistaches et le tout sera lié de sirop de sucre en fine quantité. A ses côtés, une coupelle de jus d'orange amères assez corsé et plaisant avec le sucré du dessert. Un grand plaisir.


Le succès est à l'origine un dessert de pâtisserie désignant un gâteau, généralement rond, dans lequel repose deux couches de biscuit meringué aux amandes avec une crème (au beurre ou pralinée par exemple) intercalée. Ici une petite variation sur le thème avec un gâteau gourmand et délicieusement fondant à base d'une ganache chocolatée épaisse, franche en saveurs, dans laquelle sont émiettés des morceaux de ce biscuit meringué aux amandes. C'est juste gourmand, réconfortant et délicieux !


Côté boissons, impossible de résister en apéritif à la citronnade maison très fraîche, pas trop sucrée, parfumée de menthe et de fleur d'oranger.


Le repas s'est vu arrosé d'eau gazeuse et d'un joli vin libanais, le Clos St-Thomas « Les Gourmets » Rouge 2009, un joli vin de la vallée du Bekaa à l'est du Liban ; assemblage de Cabernet Sauvignon, Syrah et Cinsault, c'est un vin assez complexe, tout de fruit rouge et épices, intense quoiqu'aux tanins assez soyeux donc d'une grande buvabilité. Il fut très apprécié. Il fut certes servi un poil chaud mais cela ne lui a pas nuit !


Enfin, un petit Jellab, une boisson à base de dattes douce et rafraîchissante, plus pour une terrasse en plein été qu'après repas, mais je n'ai pu y résister.
Pour ma convive, ce fut un verre d'un vin doux libanais, un Château Kefraya "Lacrima d'Oro" 2004 à 13.- le déci tout de même mais qui s'est avéré, aux dires de la dégustatrice, succulent. Au final, une addition d'à peu près de 153 CHF.

Quelle découverte que ce Keyann! Les produits sont manifestement sélectionnés avec un grand soin et travaillés avec respect, savoir faire et tradition.
Ce petit lieu donne un côté familial extrêmement confortable et sympathique et la présence en salle du patron souriant, simple et attentif, ne peut que souligner cette impression.

Autant dire que cela sera un bonheur d'y retourner ! Les cinq sens sont flattés par l'agencement simple et joli des lieux, les parfums tantôt frais, tantôt chauds d'épices que l'on retrouve au palais, les textures et cuissons parfaites et l'ambiance familiale. Bravo à M. Jean-Pierre Mermoud pour son excellent travail et sa belle initiative de combler un élément manquant dans le monde de la table lausannoise.

Avenue de la Harpe 43bis
1007 Lausanne
Vaud, Suisse


lundi 17 mars 2014

Sri Krishna, Lausanne


Si j'aime beaucoup la cuisine d'ailleurs, il en est qui tendent fréquemment à me décevoir par leur promesses de saveur et d'épices qui ne sont pas le reflet des assiettes servies. C'est essentiellement le cas pour les restaurants indiens ou thaï, malheureusement, où crème, beurre, lait, sucre et j'en passe viennent arrondir toutes les saveurs et mettent à mal le voyage...
Admettons, tous les clients de sont pas à même d'apprécier voire de supporter les arômes plus piquants et/ou épicés mais qu'à cela ne tienne, qu'il n'en soit pas fait généralité !

Passons ce petit coup de gueule pour nous concentrer sur le sujet du jour, le Sri Krishna.
Petit restaurant à la lisière de Pully dans les bas de Lausanne, entouré de quartiers résidentiels plutôt calmes, le Sri Krishna est un indien sans grande réputation, sans situation particulière ni promesse excessive. En parallèle, dès l'extérieur, en lisant 7/7, service traiteur, pizza dans un restaurant indien, cela laisse songeur.
C'est dans le fond avec pas mal de doutes que j'ai passé la porte du Sri Krishna le soir du 10 mars 2014 accompagné d'une amie et de mon Passeport Gourmand.

On passe la porte pour arriver dans une partie bistrot où quelques locaux prennent leur demi sur des tables nues, jouent au tactilo dans un univers de couleurs orange, mauve, rouge et de musique moderne indienne ; c'est plutôt amusant à voir.

Nous sommes accueillis avec sourire et douceur par notre serveuse qui nous mène à travers un couloir dans une salle adjacente, beaucoup plus jolie et passablement plus chargée : les murs dans les mêmes teintes que précédemment sont garnis de tableaux, mandalas et symboles bariolés et jolis, une belle présence végétale et des tables aux teintes bigarrées très dans le thème. C'est agréable et joli.





On nous porte la carte en nous proposant un apéritif. Je prendrai un « namkin lassi », à base de yaourt, eau glacée, menthe, cumin, sel, poivre, très rafraîchissant et siroterai cela en consultant la carte.

Celle-ci est plutôt rassurante car pas trop énorme, relativement humble et tout de même essentiellement indienne dans ses entrées frites, plats de tandoori, briani et j'en passe avec en viande du poulet, de l'agneau, veau, boeuf et du poisson, tous ces ingrédients déclinés de manière différentes. En parallèle sont certes proposées des pizze, mais en dernière page de la carte, tombant probablement généralement dans l'oubli. Trois propositions de menus en sus, mais admettons qu'ils ne sont pas forcément très tentants ; on consommera à la carte, et le choix, finalement intéressant, nous a laissé un peu dans l'embarras quand il est venu le moment de se décider. Notons que la serveuse nous demande notre résistance à l'épice pour doser plus ou moins le piment, bon signe !

En entrée, nous nous sommes décidés à nous partager une « Krishna mix », composition de diverses entrées à partager. Un joli mélange composé d'un samosa végétarien lié à la pomme de terre, copieux, croustillant, moelleux et humide, un samosa à la viande hachée très agréablement épicée, un rouleau de printemps profondément chinois mais bien réalisé, deux pakoras (beignets de légumes) et enfin une « fish pombol », une boulette de poisson. L'ensemble est bien préparé, bien assaisonné et plutôt agréable, servi sur quelques tranches de laitue iceberg et une espèce de sauce cocktail pas forcément très intéressante.


Côté plat, ma convive a opté pour le « Poulet Dall », commandé doux. La préparation est riche en parfum et de bel aspect, des lentilles (sans doute jaune ou corail) cuites avec du poulet, richement épicées et joliment rafraîchie d'herbes. Les lentilles sont crémeuses (car ont sans doute a dessein été surcuites) et le poulet est moelleux. 


Pour ma part, ce sera le « Krishna Mix Tandoori », demandé hyper spicy, reçu tel (très raisonnable), un mélange des différentes productions tandoori de la maison. M'arrive un énorme plat sur plaque chauffante, au nez piquant et à la couleur vive, regorgeant de viande à n'en plus pouvoir, cuisse de poulet, émincé de boeuf, d'agneau et crevette géante. La préparation est, comme demandée, pimentée fort agréablement, bien parfumée d'oignon, de tomate, poivrons et épices. Les viandes sont de bonne qualité et parfaitement et presque étonnamment bien cuites. Ce plat m'a surpris en bien et beaucoup plu !


En guise d'accompagnement, nous nous sommes partagés un riz basmati nature, en quantité très correcte et de parfaite exécution, ainsi que deux « naan », ces pains levés typiques, l'un au fromage, l'autre à l'ail, tous deux bien réalisés quoique peut-être un peu gras (surtout celui au fromage). La pâte est douce, fine et moelleuse et j'ai beaucoup apprécié le piquant de l'ail par dessus.


Bien repus déjà, j'ai toutefois repéré un dessert qui m'a un peu intrigué, le « Son papri » (aussi connu sous l'appellation « Sohan papdi », dessert type « sablé » plus propre à accompagner une boisson chaude, composée de farine de pois chiche, sucre, farine, ghee lait et cardamome verte. C'était surprenant et totalement inconnu, vraiment à mi-chemin entre un sablé et un feuilleté qui pourtant fondait dans le bouche au contacte de la salive et exhalait une riche saveur de cardamome et accompagna magnifiquement mon chai (commandé sans lait ni sucre, ma dérogation sur la tradition).



Côté boissons, nous avons accompagné notre repas d'eau et de coca zéro. Avec le Passeport Gourmand, l'addition s'est modestement montée à 66.60 CHF.

Quelle heureuse surprise que ce Sri Krishna qui s'avère franc en saveurs et en qualité, prix correct dans un espace agréable et entouré d'un service plutôt compétent. Je regrette qui reste si vide malgré ce joli potentiel ! Franchement, quand je voudrai dans le coin manger indien sans que cela soit nappé de crème, cela risquera bien d'être au Sri Krishna. Merci à l'équipe !

Avenue du Léman 79
1005 Lausanne
Vaud, Suisse

samedi 15 mars 2014

Un tartare printanier

10 mars, on r'garde dehors et c'est Pâques.
Soleil, température, fleurs et oiseaux se sont donnés de mot, l'hiver a cédé (s'il est seulement arrivé) et le soleil nouveau peut briller.


Cela donne des envies de fraîcheur et de légèreté, de profiter de saveurs délicates et parfumées.


Un p'tit tartare donc, qui me permet de donner un exemple de recette sur ce délicieux ail noir présenté dans mon précédent post.


Un tartare « retour des beaux jours » (pour un bon mangeur)


150-200 gr. de boeuf
100 gr. poireaux
100 gr. pleurotes
10-20 gr. ail des ours
5 gr. gingembre
5 gousses d'ail noir
du piment (facultatif)
de la sauce teriyaki
du poivre sansho










Commençons par le seul élément « cuisiné », la pleurote. L'émincer en petits cubes et les faire légèrement revenir à la poêle bien chaude avec une petite pincée de sel. Réserver dans un bol.


Couper le poireau en fines lamelles et ciseler l'ail des ours pour les réserver dans des bols. Détailler l'ail noir en petit carrés (attention, c'est très délicat) et réserver.


Trancher finement la viande au couteau (idéalement). Dans un saladier, mêler les ingrédients mis en place et bien mélanger.



Ajouter le gingembre finement râpé, du piment, un peu de poivre sansho et une bonne cuillerée de sauce teriyaki (préparée maison, simplement en laissant réduire de moitié une quantité égale de soja, mirin et saké (100 ml. de chaque) avec une cuillère à soupe de sucre), bien mélanger et servir aussitôt.


Je me suis amusé à faire jou-jou avec le dressage, en utilisant du chou frisé et les restes de la mise en place... on s'amuse comme on peut ! En tous les cas, cela s'est avéré délicieux et complet en saveur, avec un ail noir apportant une note aromatique toute particulière, bien balancée avec le piquant de l'ail d'ours et l'acide du gingembre et du sansho. Miam !






lundi 10 mars 2014

Faire de l'ail noir à la maison

Un billet qui n'est pas vraiment à ma sauce ce coup-ci :

J'ai récemment découvert un blog que je trouve absolument fantastique dans la mentalité prônée, La Table De Diogène est Ronde.
Il s'agit d'un blog essentiellement axée sur la cuisine coréenne et asiatique avec une forte tendance au slowfood, très créative, responsable et chercheuse. Autant dire que je le dévore !

Je suis tombé dernièrement sur un billet de ce blog expliquant comment réaliser de l'ail noir maison. Pour qui ne connaîtrait pas cette délicatesse, il s'agit, sous sa forme la plus traditionnelle, d'un produit japonais (particulièrement la préfecture d'Aomori) réalisé à partir d'ail commun « confit » dans de l'eau de mer puisée à très grande profondeur pour une pureté optimale. Respectant un processus délicat, l'ail prendra petit à petit une couleur noire, s'attendrira jusqu'à obtenir la texture d'une datte ou d'un pruneau sec. En outre il perdra ses composés sulfurés qui piquent la bouche et donnent une haleine de chacal tout en conservant le reste des formidables vertus de l'ail.

En plus, pour ne rien laisser perdre, c'est absolument délicieux. L'ail étant conservé à humidité et chaleur constante, il subit une caramélisation très lente fort bien explicitée ici et ici, les saveurs sont entières, rondes, presque balsamiques et douce : ce sont des bonbons !

Par chez nous, ce produit est une rareté. Non seulement il est quasiment introuvable (à part très ponctuellement dans des épiceries fines ou éventuellement chez Globus) mais en plus il est affreusement cher (dans les 10 francs la tête d'ail... 1 franc la gousse grosso modo).

Alors moi, quand je tombe sur cet article, tête baissée, je tente le coup.

Je ne vais pas réexpliquer la méthode parfaitement (et en plus un poil humoristiquement) expliquée sur l'article en lien mais témoignerai de mon expérience.

Une quinzaine d'aulx se sont retrouvés à faire une rave party transpirante dans mon rice-cooker en mode « maintient de chaleur », conservant une chaleur constante de 64 degrés pour mon appareil et une humidité tout aussi constante (non mesurée) (notons en parallèle que mon rice-cooker, il est sympa, je peux y balancer un oeuf et l'oublier quelques temps pour obtenir un « oeuf parfait »).

 










 









Je les ai laissé une quinzaine de jours dans une cuisine consciencieusement fermée car cela sent ! Pas vraiment comme si on nous blindait les narines d'ail cru pressé, mais plus une odeur latente d'ail en cours de cuisson ; ça n'est pas mauvais, mais c'est pénétrant !

On croise les doigts et le quinzième jour, mes aulx revoient enfin la lumière. Ils sont manifestement mous et un petit test me montre qu'ils ont joliment coloré.
Je les dépose sur une grille et les laisse sécher à l'air libre une bonne semaine et le résultat est on ne peut plus concluant tant en saveur qu'en couleur.


 

Une recette suivra bientôt, en attendant, merci beaucoup Luna et ses formidables inspirations !







lundi 3 mars 2014

Le Dun-Huang, Lausanne






Depuis longtemps déjà, avec un autre blogger plutôt peu méconnu en Romandie, le bien nommé « Guérilla Gourmande », nous parlions de nous rencontrer pour un repas. A cette occasion, nous avons choisi, ce 19 février 2014, de manger chinois, dans des envies de tradition et de cuisine bien faite. Le Dun-Huang semblait alors bien choisi. N'hésitez pas à jeter un oeil avide sur son propre regard sur notre repas et, au passage, à tout son blog !

Sis Avenue Pierrefleur, dans des quartiers plutôt résidentiels et pas forcément ce qu'il y a de plus heureux, le Dun-Huang nécessite d'être connu pour que l'on s'enfonce sciemment dans cette rue longue voie sans issue.

A l'extérieur, on reste dans la simplicité. Quelques lampions rouges se contentent d'indiquer les origines du restaurant. Une fois entré, on se rend compte que l'on est dans l'un de ces restos un peu chic : le vestibule d'entrée donne à un vestiaire nous sommes accueillis dans un français parfait par un personnel très professionnel et agréable, qui nous débarrassera et nous présentera notre table.


On dépasse un joli aquarium, on traverse une puis deux imitations de portes traditionnelle pour atterrir dans une salle aux murs noirs habités de petites figurines dorées, idem pour le plafond, surligné de notes rouges. En salle, essentiellement des tables rondes élégamment dressées avec un porte-plat tournant en leur centre. 




On nous propose un apéritif qui sera composé d'une bière Tsingtao et d'un « petit cocktail maison ». On consulte la carte pendant ce temps, tout en grignotant les habituelles chips de crevette. Une carte un peu différentes des sempiternels 6 ingrédients de base (boeuf, canard, poulet, porc, agneau, crevette) tout servis à 7 sauces différentes offrant 42 plats à la carte triés par prix selon l'ingrédient de base.
Ici, c'est plus soigné, moins exhaustif, avec des mets moins fréquents voir inconnus en contrée lausannoise dans des prix certes plus élevés mais qui les vaudraient bien si les plats sont biens préparés.

Puisque le bonheur d'être a plusieurs à table va de paire avec le partage, ce sera trois entrées et trois plats que l'on se partagera. Passons aux choses sérieuses !

En matière d'entrée, nous avons sélectionné les trois types de raviolis proposés à la carte, deux vapeur, un rôti, tous servis par 4 pièces.

Commençons par les raviolis vapeurs.



 Réunis dans un même panier en bambou à deux étages, nous avons d'abord les « Raviolis aux crevettes à la vapeur ». J'ai toujours trouvé ce type de ravioli très délicat, dans cette pâte pâle, fine et sensiblement collante, un peu translucide et apparemment faite maison dans notre cas, d'une saveur qui, sans pouvoir en déterminer réellement le goût, lui est propre. Le façonnage est parfait et la farce est charnue et très fraîche, gourmande et légère. Bref, un plaisir.


A l'étage du dessous, cela sera les « 'Siu-mai' au porc à la vapeur » : ceux-ci se présentent comme des petites bourses ouvertes, la pâte plus colorée, épaisse et offrant plus de mâche. Les ravioles débordent d'une préparation de porc et crevette ; le porc est finement haché tandis que la crevette semble avoir préservé plus de son apparence d'autrefois, offrant un mélange de texture assez particulier : très proche de la chair à saucisse avec ces morceaux de crevette donnant le côté « gras » et « rond » de mâche et de saveurs. Si on fait fi de cette sensation, la raviole est fort bonne, dans des saveurs plus corsées que le précédent. J'avouerai que des trois raviolis différents, c'est peut-être celui qui m'a le moins transcendé, malgré son indéniable qualité.


Aux côtés du panier vapeur, une jolie assiette nous est présentée, sur laquelle se dresse quatre copieux raviolis grillés des deux côtés. La farce est ici pur porc et est des meilleurs goûts. La texture est bien entendu plus ferme et les saveurs plus franches de par la cuisson plus agressives. En résulte un produit des plus satisfaisants et agréablement accompagné de petits légumes finement émincés et de fines tranches d'orange. Notons la charmante mise en situation de l'assiette, dont le contenu semble caché dans une forêt de persil au centre de laquelle se dresse une pagode de carotte.


Ces trois raviolis sont servis avec une sauce dont la saveur première est le sésame, mais avec des arrières saveurs tomatées et légèrement épicées. Sauce plutôt plaisante et à nouveau apparemment maison.


Place aux plats ! Tous sont servis sur réchaud. Nous avons décidé de prendre deux plats des plus fréquents mais quasi toujours différemment préparés. Le premier est le « Boeuf croustillant ». Ce n'est probablement pas le plus croustillant qu'il m'ait été donné de déguster, certes, mais il figure sans doute parmi les meilleurs. On sent la saveur et la texture de la viande (ce qui est déjà suffisamment rare pour être signalé) et l'ensemble n'est pas trop sucré. Le tout est sauté avec de l'oignon et un peu de carotte et généreusement saupoudré de sésame. Un petit côté frais est amené avec les crudités finement émincés et joliment dressés. Seul élément chagrinant dans cette assiette : si l'idée de la fleur de légume est toujours charmante, cette de la tailler dans une patate crue est un peu plus... hum.... étrange... Enfin, j'dis ça, j'dis rien !


Autre incontournable, le « Canard rôti laqué ». C'est presque un plat test pour voir si un restaurant a un « petit quelque chose en plus ». En soi, sachant sous quelle forme le canard arrive généralement dans les cuisines d'un chef, ce n'est pas vraiment un mets que je prends souvent, non vraiment plus pour le conditionnement que pour le fait que le plat est presque tout prêt tel quel. Le succès du plat repose donc dans une recuisson qui ne doit pas assécher la chair et la sauce.
La chair est correcte et le goût frais et bon, sucré, la peau bien dorée. La sauce (genre hoi sin) n'est pas l'habituelle masse sirupeuse mais une sauce manifestement maison, assez poivrée, aux goûts plus complexes et structurés que celui simple de sirop de glucose. Le plat a donc bien satisfait !


Mais enfin un peu d’innovation. On va dire que j'apprécie les chinois qui proposent « quelque chose d'autre ». Même si c'est parfois bizarre, inconventionnel, surprenant ou autre, j'aime voir d'autres plats à la carte. Admettons que, bien que cela ait son charme, les chinois proposant du poulet à 14.-, du porc à 15, de l'agneau à 17 et du boeuf et du canard à 18... le tout avec toutes les sauces en pot trouvées à l'asian shop du coin, cela commence à lasser.
Pour le coup, découverte d'une spécialité de la maison, les « Crevettes au riz fumé ». Dans un joli pot en terre cuite arrive une riche portion de riz « fumé » qui semble être comme pris en galette croustillante. Le serveur arrive avec une grande casserole riche d'une sauce douce-acidulée de tomate, oignons, petits légumes, légèrement relevée et richement garnie de grosses crevettes bien moelleuses. Cette composition riche en saveurs est déversée dans le plat qui sera ensuite recouvert pour « nourrir » le riz.



J'ai trouvé cela délicieux, le riz a un petit goût (que je n'aurais pas su pointer comme « fumé ») et on regrettera peut-être juste de ne pas avoir conservé un brin de croustillant dans le riz tant il était gorgé de sauce, certes délicieuse, mais peut-être en trop grande quantité.




Pour accompagner cela, deux bols de riz nature bien cuit, moelleux et bien parfumé.



Et pour conclure, les serviettes chaudes, toujours agréable !

Côté boissons, passé le « petit cocktail maison » (aux habituelles saveurs de fruit, alcoolisé au campari, son litchi et son ombrelle), et une Tsingtao, ce sera trois thés, un vert, un jasmin et un Oolong, un thé que j'adore et qui a un potentiel qualitatif énorme que l'on ne trouve que trop peu souvent.

Côté service, rien a reprocher. Les serveurs sont de belle tenue, s'expriment parfaitement en français et font preuve d'une grande attention auprès du client.

Que dire donc du Dun-Huang ? On est clairement dans un chinois de gamme supérieur à la moyenne fréquemment rencontrée dans nos régions. Que ce soit par le cadre propre et raffiné, le service sophistiqué et les assiettes fort bien réalisées, on est dans un établissement qui propose autre chose, parfois résidant un de petits riens qui font le plus.

Qui plus est, les prix restent sages. Plein tarif, nous en aurions eu pour 168 CHF, également supérieur à la moyenne des chinois du coin mais pas excessif. Avec le Passeport Gourmand, il ne faut donc pas bouder son plaisir car c'est pour 113 CHF que nous nous en sommes sortis, à savoir avec un 40% pratiqué sur les plats commandés pour trois personnes.

S'il faut un bref mot de conclusion, pour éviter la redondance, le Dun-Huang est un restaurant chinois plus haut de gamme que la norme, proposant une cuisine soignée et traditionnelle dans une ambiance feutrée. Les amateurs sauront être satisfaits !

Avenue Pierrefleur 40
1004 Lausanne
Vaud, Suisse