Que j'en ai entendu parler, de ce Café de la Place à Corsier ;
un coin qui semble faire l'unanimité dans la région pour sa
simplicité, sa tradition et sa qualité constante. C'était une
belle occasion que de s'y accorder une soirée amicale, ce 7 juin
2014.
On rejoint très simplement ce village sis un peu au-dessus de
Vevey, soit à pied, soit en bus.
La commune est d'une surface assez étendue et si ses abords se
mêlent aux quartiers entourant la gare de Vevey, la promenade vers
le Corsier profond est agréable et on arrivera sans peine au milieu
de l'archétype du centre de village : son église, sa poste, sa
banque et son café.
Un café qui d'ailleurs est l'un des deux bâtiments classés
comme bien culturel d'importance nationale de la commune (avec le
Manoir de Ban),
en tant que représentant le l'architecture bernoise en Pays de
Vaud : une belle grande bâtisse précédée d'une jolie
terrasse couverte de vigne, un intérieur traditionnel un rien
vieillot (mais on aime cela), où l'on dîne sous l'oeil de Charlie
Chaplin, la bâtisse fait restaurant et hôtel. La foule qui s'y
massera durant la soirée ne fera que prouver davantage son succès.
Note à part, juste pour rire, il est amusant de remarquer que
dans un coin à tel point pétri de traditionalisme, la quasi
totalité du staff (du moins celui rencontré ce jour-là, tant en
salle qu'en cuisine) était manifestement originaire du sous-contient
indien. Ce sont des petits riens qui me font sourire. Un staff qui au
demeurant est très professionnel, efficace et agréable.
Nous sommes donc installés sur la terrasse, la soirée est douce,
autant en profiter. On nous propose un apéritif (décliné, on avait
pris de l'avance sur le sujet) et nous voilà alors face à une carte
jolie, assez réduite, combinant terroir, tradition et saison. Les
grandes spécialités du lieu sont les tartares déclinés à toutes
les saveurs, l'entrecôte servie au beurre maison ou encore les
moules ou les crevettes à nouveau aux goûts divers et variés. On
pourra également y déguster diverses salades, petite restauration
ou encore la fameuse « désossée du Léman », une
manière particulière de préparer la perche, à laquelle on
n’enlèvera que les arêtes dorsales et des côtés mais dont on préservera l'arête centrale.
Le choix des vins est plutôt attrayant. On sélectionnera trois
dl d'un rouge local, un Yvorne Grand Cru 2012 « La Bastide »,
assemblage de Pinot noir, Gamay et Garanoir riche en bouche, plutôt
fruité, avec des tanins bien soutenus.
On nous porte une corbeille de pain frais, une baguette toute
simple mais bien réalisée, le genre de pains avec lequel on
apprécie saucer.
Comme entrée, nous avons tous deux choisi la fraîcheur et la
légèreté d'une salade mêlée. Une jolie assiette composée de
jeunes feuilles de salades diverses, de la carotte, du concombre, du
maïs, de la tomate, le tout généreusement nappée d'une de ces
sauce à salade à l'ancienne, des goûts rappelant la salade de
grand-maman, c'est réconfortant et agréable.
Ma convive prendra, comme plat, le « Tartare cristal »
garni de tapenade, champignons et parmesan.
Une jolie présentation, un tartare emportepiécé couronné d'un
oeuf de caille, un tronçon de concombre recelant du cognac, une
quenelle de tapenade de bonne qualité et un petit tas de morceaux de
parmesan. On a encore quelques étoiles de carambole, peu
intéressantes dans l'assiette mais on soulignera l'effort
esthétique. Servi avec des toasts, ma convive s'en est délecté et
en est sortie comblée.
Pour ma part, les crevettes à l'ail m'ont fait de l'oeil. Servie
avec sa bavette et son rince doigt, voici une généreuse portion de
crevettes très bien cuites, issues
de production durable certifiées et de belle
qualité, sont présentées dans leur plat de cuisson baignant
dans une sauce à l'ail ma foi assez grasse mais franchement bonne.
Servi avec un mélange de riz blanc et riz sauvage, c'est typiquement
le genre de plats d'une grande simplicité mais qui offrent beaucoup
de plaisir.
Autant dire que les portions sont généreuses et ne laissent que
peu de place au dessert. Ceux-ci sont réduits au nombre de cinq et
sont à l'image du reste, d'une grande simplicité. Je me laisserai
tenter par la poire au Servagnin et sa glace vanille ; bel
hommage à l'histoire que l'emploi de cette variété de Pinot noir
cultivé depuis le Moyen-Age dans nos régions et qui a risqué de
disparaître. L'ensemble est simple et bon, léger et agréable après
un tel repas.
L'addition se montera à environ 120 francs.
Le Café de la Place a tenu ses promesse. On n'y va pas pour être
émerveillé, surpris, étonné mais pour trouver le plaisir d'une
cuisine de grand-mère, de la simplicité, de l’authenticité et un
cadre qui, tout de même, vaut le coup. J'y retournerai sans doute en
saison froide pour y déguster le moules dont j'ai entendu le plus
grand bien.
Place du Temple 15
1804 Corsier
Vaud, Suisse
1804 Corsier
Vaud, Suisse
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